À 39 ans, j'ai le coeur net alors que j'annonce ma retraite comme joueur de football. Je me sens extrêmement choyé d'avoir pratiqué ce sport pendant si longtemps, dont 14 ans au niveau professionnel avec les Alouettes de Montréal.
Par la présente lettre, il est important pour moi de prendre le temps de remercier les partisans, parce que sans eux, un joueur de football ne pourrait pas faire ce qu'il fait. Au-delà des victoires et des défaites, la vie offre des moments et ce sont les relations avec les gens qui restent.
J'en étais à mes débuts avec les Alouettes quand le directeur général de l'époque Jim Popp avait suggéré aux joueurs de ne jamais refuser un autographe ou de prendre une photo avec un partisan. Parce que, disait-il, le moment allait arriver, un jour, qu'on ne serait plus un joueur de football. Ce moment est arrivé pour moi.
Encore il y a quelques semaines, un couple de personnes plus âgées m'arrêtait à l'épicerie en me demandant si j'étais bel et bien Kristian Matte. À chaque fois que ça pouvait m'arriver, je demeurais un peu surpris, mais à chaque fois, je prenais le temps de parler aux gens. Je l'ai souvent répété et je persiste: nous avons vraiment les meilleurs partisans de la Ligue canadienne de football à Montréal. Ils sont toujours là en train de nous encourager et ils en donnent beaucoup plus aux joueurs que ce que les gens peuvent penser. Ils apportent de l'énergie et de la fierté.
Je vais m'ennuyer de la foule bruyante du stade Percival-Molson, je vais m'ennuyer d'être sur le terrain quand, au quatrième quart, les gens utilisaient la lumière de leur téléphone pour créer une ambiance féérique.
Mille mercis
Le 22 novembre 2023, la météo n'était peut-être pas la plus clémente, à Montréal, pour la parade des champions de la Coupe Grey, mais vous étiez très nombreux au centre-ville pour nous applaudir. On pouvait sentir tout votre amour!
Après ce championnat épique, il n'était pas question pour moi de ne pas revenir pour une autre saison. C'était tellement magique que je ne pouvais pas partir. Aujourd'hui, mon corps a donné ce qu'il pouvait au football, mais mon coeur demeure.
Je pourrais profiter de cette lettre pour nommer tous les coéquipiers et les entraîneurs qui, parmi tant d'autres, ont été si importants dans ma carrière. J'en aurais pour des pages et des pages.
Permettez-moi toutefois de profiter de cette tribune pour remercier ma femme Melissa. C'est mon roc depuis 20 ans! Je n'aurais jamais pu vivre cette carrière, sans elle. Quand je l'ai rencontrée à l'époque, au Cégep Vanier, elle jurait pourtant qu'elle ne fréquenterait jamais un joueur de football. Elle venait de la Rive-Nord de Montréal et moi, de la Rive-Sud. Nous nous sommes trouvés à mi-chemin. Aujourd'hui, elle est ma femme, mais aussi ma meilleure amie. Nous avons deux beaux enfants et je suis tellement fier de ma famille! Sans Melisssa, sans sa présence auprès de moi et les enfants, je n'aurais jamais été capable de donner mon 110% à tous les jours.
Mon fils Zackary, 9 ans et demi, et ma fille Ellison, 7 ans et demi, sont mes plus grands partisans. Pour eux, je n'ai jamais été qu'un joueur de football, mais je suis d'abord et avant tout leur papa. Après qu'on ait gagné ou perdu un match, ils étaient toujours là pour dire «je t'aime».
Des souvenirs précieux
Lors de la finale de la Coupe Grey, en 2023 à Hamilton, on m'a raconté après le match que mes enfants pleuraient dans les estrades durant le quatrième quart. Jusqu'aux 13 dernières secondes, on tirait en effet de l'arrière face aux Blue Bombers de Winnipeg. Mes enfants ne versaient pas des larmes parce que les Alouettes pouvaient perdre cette finale, ils pleuraient car ils avaient peur que leur papa ait de la peine.
- Kristian Matte